Ne pas consommer plus d'un tiers des réserves si l'on veut éviter un emballement climatique !
La presse généraliste a réservé un très large écho à l'annonce par l'AIE (Agence Internationale de l'Energie), qui publie son rapport annuel World Energy Outlook 2012, selon laquelle les Etats-Unis deviendront le premier producteur mondial de pétrole pendant la décennie 2020, lui permettant de devenir exportatrice nette autour de 2030 grâce à l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels, mais aussi grâce aux économies d'énergies.
Elle a en revanche très peu relayé un autre point très important :
« Pas plus d'un tiers des réserves prouvées d'hydrocarbures ne devra être consommé avant 2050 si nous voulons atteindre l'objectif de 2°C, même en tenant compte des technologies de capture et de stockage du carbone »
Ainsi, comme le souligne le Guardian : le problème n'est pas que nous ayons trop peu d'hydrocarbure ; au contraire, nous en avons trop ! (Guardian, IEA report reminds us peak oil idea has gone up in flames).
Il serait bon de rappeler cette idée simple, à l'heure où des scientifiques estiment que les scénarios les plus pessimistes concernant le climat sont aussi ... les plus réalistes (science², Les modèles les plus pessimistes sont les plus fiables).
Par ailleurs, la production de pétrole et de gaz non conventionnels (pétrole et gaz de schiste, sables bitumineux) augmentera jusqu'en 2015 pour atteindre un plateau, mais diminuera ensuite légèrement à partir du milieu de la décennie 2020. Pendant ce temps la demande, portée par la croissance asiatique, continuera de croitre de manière importante.
Une production énergétique très gourmande en eau
Le rapport signale également que les besoins en eau pour la production d'énergie vont croitre deux fois plus vite que la demande énergétique. Dans certains cas, la disponibilité en eau remettra en cause la viabilité de certains projets. L'exploitation des gaz et pétroles de schiste est très exigeante en eau, mais c'est aussi le cas, par exemple en Irak, pour maintenir la pression dans les gisements.
Des efforts nettement insuffisants en termes d'efficacité énergétique
Le rapport comporte une autre partie très importante - et beaucoup plus positive, celle-là : le Scénario pour un Monde plus Efficace. Le résumé du World Energy Outlook 2012 nous en donne les principaux résultats. Ils sont édifiants : grâce à une stimulation adéquate des énergies renouvelables ainsi qu'à un effort marqué en faveur de l'efficacité énergétique, il sera encore possible de respecter le scénario 2°C. Malheureusement, nous n'en prenons pas le chemin. C'est d'autant plus regrettable que ces investissements seront rentables et stimuleront l'économie tout en réduisant la mortalité due à la pollution atmosphérique.
Mais en l'absence d'incitation, les 4/5e de ce potentiel d'économie d'énergie resteront inexploités.
L'AIE déplore que les subventions, au niveau mondial, bénéficient toujours principalement aux hydrocarbures alors que les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique, qui sont des secteurs nouveaux, auraient besoin d'un coup de pouce. Ainsi leur Scénario pour un Monde plus Efficace livre un message clair et optimiste, à condition qu'une action déterminée soit mise en place :
« En mettant à bas les obstacles aux investissements en faveur de l'efficacité énergétique, il est possible de libérer ce potentiel et de réaliser d'énormes progrès en matière de sécurité énergétique, de croissance économique et de protection de l'environnement »
Les investissements nécessaires seraient très largement compensés par la réduction des dépenses en combustibles et la diminution de la dépendance énergétique.
- Rapport de l'AIE 2012 (World Energy Outlook 2012), résumé
- Diaporama de présentation à la presse (en anglais)
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