Réponse : Cet argument joue sur une confusion de nature à perturber celui qui n’a pas l’habitude des discussions relatives au climat. Il mélange la fonte des glaciers et des inlandsis, qui reposent sur terre, avec la fonte de la banquise qui elle, flotte sur l’eau.

 

La fonte de la banquise ne provoquera pas de hausse sensible du niveau de la mer parce que les masses de glaces flottantes, qui sont au-dessus du niveau de l’eau, ont une densité plus importante et donc un volume plus faible une fois transformée en eau. On peut effectivement faire l'expérience avec un glaçon dans un verre d'eau. Une fois fondu, le glaçon occupera exactement le même volume que le volume d'eau qu'il occupait auparavant … cela découle du fameux principe d’Archimède. Ceci dit, la banquise est constituée d’eau douce et donc une fonte importante diminuera la salinité de l'océan, et donc sa densité, ce qui provoquera une légère hausse du niveau de l’eau. Mais l’essentiel n’est pas là.

 

Lorsque les glaces qui sont sur la terre fondent, comme la calotte du Groenland et les glaciers de montagne, cela produit un déversement considérable d’eau dans l’océan. Celle-ci n'y était pas auparavant, et par conquent le niveau de la mer augmente.

 

Or la calotte glaciaire du Groenland représente une masse d’eau colossale et elle est particulièrement sensible au réchauffement. Si le Groenland fondait, cela provoquerait une hausse du niveau des mers de 6 mètres. Mais ce mouvement serait très lent et la fonte totale se ferait en plusieurs siècles. Toutefois, une fois que le mouvement est enclenché, il est difficile de revenir en arrière à cause de certaines rétroactions positives. La fonte des glaces entraine une augmentation de l’absorption des rayons du soleil, et lorsque l'épaisseur des glaces diminue, sa surface perd de l'altitude et donc se réchauffe.

 

Il faut également prendre en compte la dilation des océans. C’est pourquoi ont observe déjà une augmentation du niveau des mers.

Mais même une élévation de quelques dizaines de centimètres ou d'un mètre d'ici la fin du siècle peut avoir des conséquences très importantes.

 

Utiliser un tel argument ne peut pas relever d'une erreur chez un scientifique. Il manifeste une stratégie de communication par le mensonge, délibérément élaborée. Elle mise sur la méconnaissance des mécanismes du réchauffement de la part d'une partie du public qui n'a pas de bagages scientifiques, et sur la faiblesse des médias face à ce type de démagogie.

De ce coté, une naïveté moindre et une meilleure préparation, à l'aide d'équipes ayant une culture scientitique au sein des radios, télévisions et journaux serait la bienvenue. Le phénomène climatosceptique, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou en France, révèle des lacunes importantes des médias en ce domaine.

Les médias professionnels devraient pourtant être garants des informations qu'ils diffusent. Si en sciences humaines ou en politique, les théories sont très subjectives, cela n'est pas le cas pour les sciences de la nature. A-t-on le droit de laisser quelqu'un, même s'il est scientifique, prononcer mensonges et contrevérités à la pelle, sans rappeler au public les vérités factuelles ? A-t-on le droit d'inviter un scientifique au nom du «débat» - et pour des raisons d'audience - alors qu'il refuse d'être confronté sur le plateau à d'autres personnes, comme cela a été le cas pour Claude Allègre ?

 

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