Catégorie : Prospectives : Energies

Est-il possible d’atteindre les objectifs énergétiques pour 2020 et 2050 et si oui, comment faire ?

L’Ademe adopte pour son scénario un schéma «tendanciel à caractère volontariste». Il se fonde sur l’hypothèse démographique de l’INSEE « fécondité haute » (68 millions d’habitants en 2030) et un nombre de personnes par ménage de 2,17.

Les paramètres macroéconomiques pour le prix des hydrocarbures sont ceux de l’AIE (Agence internationale de l’énergie) et la croissance du PIB repose sur une hypothèse du Conseil d’Analyse Stratégique (CAS) : 1,8% par an en moyenne.

L’Ademe a publié le 8 novembre 2012 un scénario prospectif concernant le marché de l'énergie d’ici 2030 et 2050. Pour 2030 le scénario se veut à la fois réaliste et volontaire. Il décrit les moyens qui devraient permettre d’atteindre les objectifs gouvernementaux et européens, notamment pour 2020, tout en gardant un oeil sur l'objectif facteur 4 pour 2050.

Pour 2050 le scénario se calque sur ces objectifs tout en restant dans un cadre réaliste. Il est plus ambitieux, mais l’échelle de temps laisse davantage de place à la volonté politique et sociétale. Ces scénarios répondent à la question : Est-il possible d’atteindre les objectifs énergétiques et si oui, comment faire ?

2030 est une date à la fois proche, en terme de politique énergétique, et éloignée d’un point de vue politique. Les vingt années qui nous en séparent permettront de voir certains résultats de manière sensible, mais partielle, car certains actions mettent davantage de temps pour produire leurs pleins effets.

2050 permettra par contre de voir les pleins effets d’une politique énergétique volontaire. Cette date parait éloignée mais certains résultats importants dépendront d'actions menées dès à présent (2012). En particulier celles qui relèvent de l’urbanisme ou des transports en commun. Par contre les effets des actions menées aujourd’hui concernant la rénovation thermique des bâtiments, les circulations douces ou alternatives ou les énergies renouvelables seront bien visibles en 2020.

Au total, il sera possible de diminuer la consommation en énergie finale de 20%, soit 29,6 Mtep, et les émissions de gaz à effet de serre de 30% par rapport à 1990.

 

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Comment ?

Rénovation thermique des bâtiments

L’action la plus importante concernera la rénovation thermique des bâtiments. Celle-ci est pleinement vertueuse : elle est rentable à moyen terme si les pouvoirs publics facilitent le financement (prêts garantis, taux aidés, aide logistique et technique) ; elle est créatrice d’emploi, réduit la facture énergétique extérieure de la France, réduit les émissions de CO2 et de polluants atmosphériques. Tout cela à confort égal ou supérieur (suppression des parois froides, meilleure ventilation). Que demander de plus ? Ne pas le faire relèverait de la bêtise et de la paresse.

Transports

L’autre action qui fera commencer à sentir ses effets en 2030, mais de manière encore plus importante en 2050, concerne les transports : quasi doublement de la part des transports en commun urbains et périurbains, doublement de l’usage du vélo, développement du covoiturage et de l’autopartage (type autolib), qui passent de 0% à 10% en zones urbaines. Les véhicules hybrides rechargeables se développent et montent à 7% de part de marché, tandis que les véhicules électriques pointent le bout de leur nez dans les flottes captives d’entreprises.

Réduction des GES dans le secteur agricole

Le troisième secteur d’action d’ici 2030 concerne le secteur agricole. Bien que ce secteur soit peu consommateur d’énergie, il est émetteur de GES (18%). L’objectif est d’atteindre 10% de la surface utile agricole (SAU) en agriculture intégrée, et 20% en agriculture biologique. La consommation d’engrais azotés de synthèse diminue de 20% et l’importation de soja pour l’alimentation animale diminue pour laisser plus de place aux cultures dédiées. Le cheptel diminue du fait de la tendance à la diminution de la consommation de viande.

Procédés industriels

Les gains concernant l’industrie sont importants en volume. Ils permettent de réduire la consommation de 9% malgré une hausse globale du PIB de 1,8% (la part industrielle de cette croissance n'est pas précisée). Ils sont dus pour les deux tiers à l’application de techniques éprouvées et pour le reste à des progrès organisationnels ou à des techniques innovantes.

Développement des ENR

Enfin, l’effort concernant les énergies renouvelables continue à un rythme soutenu : plan ambitieux concernant la ressource forestière et l’utilisation de la biomasse ; 46 GW de puissance éolienne, 33 GW pour le parc photovoltaïque.

Un scénario qui pourra se poser en mètre étalon des débats

Le scénario de l’Ademe permet de fixer les esprits concernant ce qui est possible et exigible, de hiérarchiser les efforts et les moyens à mettre en œuvre. Il se pose ainsi en point de repère à l’aube du grand débat énergtique qui se profile. Il permettra d'effectuer des points de comparaison avec d’autres scénarios. Notons que la vision à 2030 ne doit pas faire oublier la vision à 2050, car parmi les résultats qui seront obtenus à cette date, nombreux sont ceux qui dépendront des mesures prises dès aujourd’hui.

 

Pour plus de détails, voir :

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